Les souvenirs d’enfance, en particulier ceux de la petite enfance, sont souvent flous, voire inexistants. Une recherche récente a tenté d’éclaircir ce phénomène fascinant de l’amnésie infantile, qui concerne la capacité des individus à se souvenir de leurs expériences vécues durant les premières années de leur vie. Cette étude, menée par des chercheurs à l’Université de l’Oregon, met en lumière les raisons biologiques et neurologiques qui sous-tendent cette incapacité à se souvenir des événements de nos premiers mois et années.
L’une des clés de cette amnésie infantile réside dans le développement cérébral. À la naissance, le cerveau humain est à un stade très immature. Les connexions neuronales essentielles pour former des souvenirs ne sont pas encore pleinement établies. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, leurs cerveaux commencent à créer des réseaux neuronaux plus complexes qui permettent de stocker des souvenirs d’une manière organisée. Les chercheurs suggèrent que cette immaturité structurale pourrait expliquer pourquoi les enfants ne peuvent pas conserver des souvenirs de leur petite enfance : « Le développement du cerveau est un facteur essentiel dans la manière dont nous formons, consolidons et rappelons nos souvenirs, » a déclaré un des principaux auteurs de l’étude.
Les émotions jouent également un rôle crucial dans la conservation des souvenirs. Les souvenirs émotionnels sont généralement plus susceptibles d’être retenus que ceux dépourvus d’émotions fortes. Quand les jeunes enfants font face à des événements marquants, leur cerveau en développement n’est pas encore capable de traiter et d’organiser ces souvenirs de manière efficace. Par conséquent, même si des événements pourraient être perçus comme importants, ils ne sont pas intégrés de façon durable dans la mémoire. D’après les chercheurs, cette lacune pourrait permettre une protection émotionnelle : « Ne pas se souvenir de ces expériences pourrait servir de mécanisme d’adaptation, préservant ainsi le bien-être émotionnel à un âge vulnérable. »
Un autre aspect intéressant mentionné dans l’étude est l’impact de l’apprentissage du langage sur la mémoire. À mesure que les enfants acquièrent des compétences linguistiques, leur capacité à verbaliser des souvenirs se développe également. Le langage joue un rôle crucial dans la manière dont les individus encodent et rappellent leurs souvenirs. Les chercheurs pensent que le développement du langage offre un cadre pour organiser et renforcer les souvenirs, rendant ainsi plus probable la mémoire des événements qui surviennent après l’acquisition des compétences linguistiques. En somme, l’étude souligne le lien entre la maturation du langage et l’évolution de notre capacité à nous souvenir, confirmant que notre mémoire est intimement liée à notre développement cognitif global.